Pays de près de 17 millions d’habitants, le Cambodge a connu, depuis plus de vingt ans, une croissance soutenue (plus de 7 % en moyenne depuis 2000). Si la population reste à près de 75 % rurale, l’urbanisation est bien en cours et l’agriculture représente aujourd’hui moins du quart du PIB. Traditionnellement porté par les services (tourisme et finance), le textile et la construction alors que la part de l'agriculture recule, le PIB a progressé de 5,6 % en 2023, pour atteindre près de 30 Md USD. Elle serait de 6 % en 2024, soit la deuxième plus soutenue dans l’ASEAN et parmi les premières au monde.
Membre de l’ASEAN, de l’OMC, du RCEP ou encore de la Communauté économique de l’ASEAN (AEC), le Cambodge a profité du dynamisme de la région. Cela a pris la forme d’un afflux d’investissements étrangers, essentiellement asiatiques (Chine, Japon, Corée...). Pays commercialement très ouvert, son commerce extérieur est déficitaire et asymétrique, l’essentiel des importations du Cambodge provenant d’Asie – Chine surtout – alors que près des deux tiers de ses exportations sont destinées aux marchés européens et américain. Le Cambodge bénéficie encore d’un soutien résolu des bailleurs multilatéraux et bilatéraux (plus d’un milliard de dollars en dons et prêts concessionnels par an, dont 200 millions de l’AFD), ainsi que d’avantages commerciaux (accès privilégié aux marchés européen et américain).
Après la crise sanitaire, les échanges bilatéraux ont repris même si le contexte international n’est pas favorable. Malgré tout, les exportations françaises progressent de 31 % en 2023 (à 171 M€) et devraient encore progresser en 2024. Nos importations, en léger repli, s’établissent à 1,2 Md€ et restent concentrées sur les produits textiles et agro-alimentaires. S’agissant des IDE, la France est présente dans la plupart des secteurs de l’économie cambodgienne, mais plus particulièrement dans l’énergie, les infrastructures (transports, travaux publics) et le tourisme.
Outre les filiales de grands groupes, l’existence d’un tissu dynamique d’entreprises des Français de l’étranger (plus de 400) explique ces investissements et la présence française. Depuis plus d’un an, on note un renouveau du dynamisme des relations bilatérales avec les visites du Premier ministre Hun Sen (décembre 2022), du Roi (novembre 2023) et du nouveau Premier ministre HUN Manet (janvier 2024). Le nouveau gouvernement, nommé en août 2023, est d’ailleurs très volontariste et encourage, spécifiquement, les entreprises françaises à investir au Cambodge (la loi sur les investissements, en vigueur depuis juin 2023, met d’ailleurs en place un cadre favorable). Le marché cambodgien offre donc des perspectives intéressantes ; et il est ouvert, même si comprendre ses spécificités est utile pour y réussir. Et c’est l’objet du Forum.
Source : Service économique de l'Ambassade de France au Cambodge (note adaptée par la CCIFC)
L’agriculture cambodgienne comprend la production de riz, de fruits et légumes, de caoutchouc, de poivre, de manioc, de noix de cajou, d’élevage de volaille et de porcs, ainsi que l’exploitation du palmier à sucre. Avec 79% de la population vivant en milieu rural, l’agriculture est le principal employeur au Cambodge (35% des emplois) et contribuant à 22,8% du PIB en 2022. L’élevage de bétail/volaille et l’aquaculture contribuent respectivement aux revenus de 75% et 16% des exploitations (CIAS 2019). Le budget du Ministère de l’Agriculture, des Forêts et Pêches (MAFF) est passé de 115 à 154 M USD (+33,6%) de 2019 à 2020, témoignant de l’importance accordée par le Gouvernement cambodgien au développement du secteur. Pour cela, de nombreux programmes ont été mis en place par le Gouvernement et divers organismes, parmi lesquels ASPIRE (Agriculture Services Programme for Innovation, Resilience, and Extension), collaboration entre Le Gouvernement royal du Cambodge (GRC) et le Fonds international de développement agricole (FIDA).
En 2019 et 2020, le ministère des travaux publics et des transports a bénéficié d’un budget en hausse de 7,5% (738 à 794 millions de dollars US), ce qui en fait le poste budgétaire le plus important des ministères économiques - malgré une diminution en 2022 (622 millions de dollars US). La stratégie d’investissement du Cambodge dans le secteur des infrastructures de transport suit le plan directeur adopté par le Gouvernement en janvier 2020. Ce plan est basé sur plusieurs constats, notamment la nécessité de relier l’ensemble des régions du pays aux corridors économiques de Phnom Penh - Sihanoukville, Phnom Penh - Ho Chi Minh Ville et Phnom Penh - Bangkok pour soutenir la croissance économique continue. Le réseau routier est en pleine expansion comme en témoigne la nouvelle voie rapide entre la capitale et Sihanoukville. Le Cambodge possède d’ailleurs deux ports principaux situés à Phnom Penh et à Sihanoukville, et trois aéroports internationaux (Phnom Penh, Siem Reap et Sihanoukville).
Au cours des trois dernières décennies, le Cambodge a réalisé d’importants progrès en matière de santé publique, témoignés par l’augmentation de l’espérance de vie des Cambodgiens, passant de 54 ans en 1990 à 76 ans en 2022, la plus forte hausse constatée dans la région. Le dernier plan stratégique du Gouvernement cambodgien pour la santé publique (2016-2020), définissait trois enjeux prioritaires : la lutte contre les troubles épidémiologiques, l’amélioration de la qualité des services de santé et la formation des professionnels de la santé. Cependant, le système de santé publique présente des lacunes importantes, telles que le nombre significatif de cambodgiens préférant se faire soigner à l’étranger en raison du manque de personnel formé, du manque d’hygiène des centres de soins et des coûts élevés pratiqués. Aussi, la traçabilité des médicaments délivrés aux patients reste un enjeu majeur de santé publique.
Bien que les secteurs de l’énergie, de l’eau et des énergies renouvelables bénéficient d’investissements considérables, le Cambodge doit relever plusieurs défis complexes, tels que la collecte et le traitement des déchets, le traitement des eaux usées municipales et des effluents industriels, la surveillance de la qualité de l’air, la production d’énergie propre, ainsi que la résilience et l’adaptation au changement climatique. Avec la collaboration de l’AFD, Suez Consulting et Vinci Construction Grands Projets qui ont travaillé en partenariat avec la régie des eaux de Phnom Penh (PPWSA) pendant plus de 20 ans, Phnom Penh se hisse à la deuxième place des villes d’Asie du Sud-Est en termes de performance de son réseau d’eau potable, juste après Singapour. En seulement 10 ans, la capacité de production électrique installée a été multipliée par six, la demande par cinq (avec des augmentations annuelles variant entre 15 et 20%) et plus de 80% des ménages sont désormais connectés au réseau, contre seulement 23% en 2010. En 2022, le mix énergétique cambodgien se compose de 54% d’énergie hydraulique, 36% de charbon, 7% d’énergies renouvelables (solaire et biomasse) et 3% de fioul lourd.
Le secteur textile et de la chaussure représente un pilier économique au Cambodge, dépassant même l’agriculture et est le plus grand employeur formel du pays. Avec plus de 750 000 travailleurs, majoritairement des femmes, répartis dans plus de 1 100 usines dans tout le pays, le secteur est également le principal contributeur aux exportations cambodgiennes, représentant environ 70% des exportations totales en 2019. Les États-Unis et l’Union européenne sont les plus grands marchés pour les produits textiles cambodgiens, suivis par la Chine, avec des marques telles que Nike, H&M, Adidas et Decathlon qui produisent au Cambodge. Les principaux atouts de cette industrie sont le faible coût de la main-d’œuvre et son niveau de productivité élevé, ce qui attire de nombreux investisseurs. Le secteur textile est le seul à appliquer un salaire mensuel minimum, qui sert de référence implicite pour les autres industries. Depuis le 1er janvier 2023, ce salaire est passé progressivement de 80 USD en 2013 à 200 USD.
Le Cambodge possède un patrimoine historique remarquable et mondialement connu, notamment avec les temples d’Angkor, ainsi que des plages qui longent le golfe de Thaïlande, des îles tropicales comme Koh Rong, des jungles atypiques, des massifs montagneux et une grande biodiversité. Le secteur du tourisme est un pilier de l’économie cambodgienne, qui a connu une forte croissance ces dernières années, bien que la pandémie ait eu des conséquences importantes sur ce secteur. Selon le ministère du tourisme cambodgien, le nombre de touristes a augmenté de manière significative en 2022, passant de 196 500 en 2021 à 2,28 millions en 2022, soit une hausse de 91,2%. Cette hausse a atteint +139,5% en 2023 (par rapport à 2022). L’ouverture future d’un nouvel aéroport à Phnom Penh (2025) et l’inauguration du nouvel aéroport international de Siem Reap en octobre 2023 contribuent significativement à ce dynamisme. Le tourisme au Cambodge est saisonnier, avec une saison haute de novembre à avril et une saison basse de mai à octobre, ce qui doit être pris en compte dans l’élaboration d’un plan d’affaires pour traverser cette saison creuse, correspondant à la saison des pluies.
Le secteur de la construction est un véritable moteur de la croissance économique du Cambodge et il est essentiel à la reconstruction du pays. Avant la pandémie de la Covid 19, ce secteur était principalement porté par des projets d’infrastructures et des développements résidentiels mais également par le dynamisme du secteur du tourisme et de l’hôtellerie à Phnom Penh, Siem Reap et Sihanoukville. Si les constructions dans le secteur résidentiel demeurent également un moteur pour l’économie (lotissement et immeuble en copropriété), les constructions ne cessent de se diversifier avec de nouveaux projets de centres commerciaux et des lieux de divertissement, des immeubles de bureaux, des hôpitaux ainsi que des usines. Compte tenu de l’importance de ce secteur, la réglementation juridique évolue également très rapidement pour mieux promouvoir et contrôler cette industrie et apporter plus de sécurité et de confort aux investisseurs.
Avec une population de moins de 30 ans représentant 70% de sa démographie (âge médian de 25 ans) et une croissance économique moyenne de plus de 7% au cours des 20 dernières années, le Cambodge offre un potentiel de marché idéal dans le secteur du numérique. Le pays bénéficie d’une couverture 4G sur 80% de son territoire et dispose d’infrastructures de télécommunications solides avec une bonne couverture du réseau. Le taux de pénétration des smartphones est également élevé, atteignant plus de 91% en milieu urbain et 60% à l’échelle nationale. Les principaux opérateurs de télécommunications ont lancé des essais 5G et GSMA Intelligence prévoit jusqu’à 1,6 million de connexions 5G d’ici 2025. En outre, la présence importante des utilisateurs khmers sur les réseaux sociaux, Facebook étant le plus utilisé avec 11,5 millions d’utilisateurs, offre des opportunités considérables pour les entreprises souhaitant se développer sur le marché cambodgien.
Le secteur bancaire et financier cambodgien est en expansion depuis 2010, avec une réglementation renforcée par la Banque Nationale du Cambodge (BNC) pour accompagner cette croissance dans un marché ouvert aux investissements étrangers et caractérisé par une forte dollarisation de l’économie. Les “Fintechs” émergentes, la jeunesse de la population et la connectivité accrue sont des tendances marquantes du secteur. En raison de la forte dollarisation de l’économie, la BNC encourage l’utilisation de la monnaie locale, le riel (KHR), en incitant les banques à octroyer des prêts en riel. Elle a également lancé une campagne d’éducation auprès de la population pour promouvoir l’utilisation des services financiers et la monnaie locale. La lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT) est aussi une des priorités. Enfin, le Cambodge compte 80 compagnies d’assurance avec un total d’actifs de 846 M USD en 2021, représentant 1,1% du PIB cambodgien.
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